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Petites histoires de chasseurs
 

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Petites histoires et anecdotes

Par Roland F5ZV

 

Chasses en Suisse 14 mai 2010

Episode 1 : la RS que je ne cherchais pas
L'écoute en roulant est une règle de base pour le chasseur qui ratisse, pour moi c'est une manie. Je me dirigeais vers la zone de chute calculée de la SRS400W lâchée par Payerne à 06Z et je venais de passer la frontière suisse à Goumois, au fond de la vallée du Doubs. J'étais à 9km du point de chute théorique mais, connaissant l'incertitude sur les prévis, j'avais déjà allumé le récepteur et je balayais largement de 400 à 406MHz car la fréquence des SRS est éminemment variable. A l'entrée de la petite ville de Saignelégier, un signal sur 400.500 ! Ah, la voilà, elle aura été plus longue que prévue. Un relevé : 59, direction 340 degrés. Demi-tour, une rue qui monte, une place bien dégagée, le signal a fortement baissé et la fréquence est instable, serait-elle en fin de vie ? Pourtant les SRS avec leur petite pile de 9V tiennent habituellement plus de douze heures et il est 14h15. Un relevé : plus rien. Je balaye de 400 à 406 sans succès. Il me reste à retourner au dernier endroit où je l'ai entendu. Là aussi, plus de signal. Je roule vers le centre-ville et là, de nouveau, un signal très puissant sur 399.487, audible dans le véhicule sans antenne. Le temps de trouver un endroit pour stationner, trois-cents mètres plus loin et le signal a disparu. La première idée qui vient à l'esprit est que la RS se déplace, ce qui expliquerait les sautes brusques de fréquence et les variations brutales de niveau. Si la pile était à bout de souffle, la fréquence glisserait et la puissance diminuerait plus ou moins rapidement.
C'est en errant dans les rues comme un chasseur de RS en peine que j'ai fini par retrouver un signal très puissant et stable sur 400.620 Je me gare comme un sagouin et je bondis hors du véhicule comme un diable de sa boîte, la 9 éléments au poing et les bottes aux pieds. Et c'est comme cela que je pénètre dans le bureau de poste sous le regard interrogateur des clients. Un guichet se libère, la jeune postière lève les yeux vers moi et je m'adresse à elle : "Bonjour, je vais vous poser une question farfelue (là, elle commence à claquer des dents en écarquillant des yeux horrifiés*) : est ce que quelqu'un n'aurait pas apporté un colis pour MétéoSuisse? - Si ! " répond sa collèque en brandissant une grosse boîte en polystyrène emballé dans un plastique transparent !
Je ne leur ai pas réclamé, sous la menace de ma yagi à 9 coups, MA radiosonde, je suis parti en remerciant poliment, bien content d'avoir trouvé une RS que je ne cherchais pas : celle de 00Z !
* j'exagère quand même un peu

Episode 2 : Trois kilos qui chutent à 700m/mn
A peine sorti du bureau de poste de Saignelégier où j'ai retrouvé la SRS-PTU de 00Z, il faut que je m'occupe de celle de 12Z qui a décollé à 13h00. Il est maintenant 15h, l'écoute de sa fréquence m'indique que l'éclatement a eu lieu. Je sais que la chute a de fortes chances d'être rapide car c'est une PTU+capteur d'ozone et le parachute n'est pas plus grand que d'habitude. Le QSB rapide dont le signal est affecté me le confirme. Je me place en un endroit dégagé près d'un marché aux chevaux (il y a des canassons partout dans le quartier, c'est la fête) et j'attends en faisant un maximum de relevés. Pas facile de trouver une direction précise car le signal est découpé en rondelles et s'étale sur plus de 300kHz de part et d'autre de 402.950 MHz. C'est en faisant des rapides mouvements horizontaux avec la 9 éléments que je parviens à une direction moyenne : 210 degrés. Une fois le signal disparu, assez brutalement, je trace sur la carte au 1/60000. Et je prends la route qui suit presque le tracé du relevé de perte en balayant en permanence la bande de 399 à 407 MHz.
Huit kilomètres plus loin, un signal sur 406.305 MHz, arrêt d'urgence et relevé avec la 9 éléments : 120 degrés, très net. Je considère ce relevé comme "très net" car les trois mesures effectuées à 30 ou 40m d'intervalle me donne la même direction ; pas de réflexion parasite.
Mes deux traits se recoupent à deux kilomètres de là, la force du signal me fait penser qu'elle ne doit pas être bien loin. Elle n'est pas loin en effet, à la sortie du hameau appelé "Le Peu Claude", sur la commune de "Les Bois", la 9 éléments tournée à la main par la portière de la voiture m'indique une tache blanche à 100m de la petite route, dans une pâture à chevaux sans chevaux. La sonde ozone s'est détachée de la RS sous le choc. Les restes de l'enveloppe et le parachute sont agglomérés en un paquet informe de près de deux kg (1905g), les deux boîtiers réunis pesant 1085 grammes à eux deux. Heureusement que les canassons étaient à la fête à huit kilomètres de là.

Episode 3 : Où notre héros retrouve enfin la RS qu'il cherchait
Je viens de mettre la main sur la sonde de 12Z avec son capteur d'ozone. Pas de temps à perdre pour essayer de retrouver la windsonde de 06Z (ainsi nommée car elle ne sert qu'à mesurer le vent). Sa petite pile de 9 volts est de bonne qualité mais il ne faut pas abuser de sa patience.
J'ai une prévision qui me donne le secteur à l'ouest de Saint-Imier. Cette charmante petite ville est enfouie au fond d'un trou, une vallée étroite et profonde. Ratissage et balayage sont les deux mamelles du chasseur de SRS-Meteolabor. La formule n'est pas élégante mais elle illustre bien la méthode : on tourne le volant d'une main et la commande de fréquence du récepteur de l'autre. Et pour être sûr de ne pas louper le moindre petit signal, on s'arrête tous les trois kilomètres pour faire un tour d'écoute vers les huit points cardinaux avec la directive. C'est très long car il faut balayer très large, de 399 à 407 MHz. Ben oui, les SRS font du hors bande sans autorisation.
Dans les Franche-Montagnes, très joli massif faisant partie du Jura suisse, les routes sont particulièrement étroites et se terminent souvent dans la cour d'une ferme. On dit bonjour, on s'excuse et on fait demi-tour. Les gens sont habitués, ça leur fait de la visite. Un facteur, un touriste hollandais, un chasseur de radiosondes et la journée est passée.
C'est juste avant de m'apercevoir que je me suis fourvoyé dans une impasse que je retrouve le signal. Je suis presque au bord du Val de Saint-Imier, le dégagement est très médiocre mais mon relevé n'est pas si mauvais : 9 degrés d'erreur comme je pourrai le vérifier plus tard. Un deuxième relevé à un bon kilomètre de là est meilleur (2° d'erreur) et croise le premier de l'autre côté de la vallée.
A 18h05 je retrouve la SRS400W de 06Z emballée dans son sac transparent, prête à être retournée à l'expéditeur en port payé.
Que faire maintenant, je rentre à la maison avec mes trois radiosondes de la journée ou je tente le super-banco comme au jeux des mille euros ? J'entends dans ma tête la foule qui crie "super! super!". C'est bon, j'y vais, j'y vais... Je cherche un point dégagé et j'attends 19h en casse-croûtant que celle que 18Z décolle.

Episode 4 : quarté perdant

Et pour conclure les trois récits précédents, oyez braves gens la lamentable histoire de la RS de 18Z partie de Payerne le coeur léger et qui s'est abîmée je ne sais où, aux confins du canton de Berne et de celui du Jura.
Ma prévision datait un peu mais j'avais quand même une zone, pas très éloignée du point de chute de la SRS-PTU+O3 de midi. Je m'y rends.
Il est 18h25 et il me reste 55 minutes pour me restaurer d'un quignon de pain et de deux pommes. A 18h30, le repas est fini, j'attends dans la voiture. Toc-toc à la vitre. "Bonjour monsieur, vous vous demandez ce que j'attends là, garé au milieu du chemin qui mène à votre propriété ? Un ballon-sonde de MétéoSuisse, qui va partir de Payerne à 18h pétantes ! - Ah, un ballon-sonde ?
"Vous savez que vous êtes sur un chemin privé ?" m'assène la dame qui suivait prudemment le monsieur à dix pas. Oui, je sais, je m'en vais me garer ailleurs puisque je gêne. "Oui, mais vous êtes sur un chemin privé". Bon j'ai compris, elle insiste... Qu'est ce que je fais, je sors la 9 éléments ? Non, tout s'arrange, ce sont de braves gens simplement un peu inquiets, nous échangeons quelques considérations sur le monde actuel où tout-fout-le-camp, où la météo n'est plus ce qu'elle était et où les radiosondes retombent n'importe où. Ils me quittent en m'assurant que je ne gêne pas du tout, que je peux rester là toute la nuit si je veux. Ouf, ils n'ont pas prévenu la maréchaussée, moi qui fais déjà l'objet d'un dossier dans le grand fichier des individus bizares à Berne (suite à une chasse nocture avec SRX et HLQ)...
Avec tout ça la windsonde de 18Z est partie. Elle monte et sa fréquence aussi. Partie de 403.0 elle est sur 404.162 au moment où elle se trouve au-dessus de moi, du moins en ai-je l'impression car ce n'est pas facile de déterminer une direction dans le ciel.
20h43, éclatement. La chute est très rapide, rien d'étonnant car il n'y a pas de parachute. La fréquence est redescendue vers 403.900 mais le spectre est très large, aussi large que la direction du signal, aux alentours de 35 degrés mais en réalité comprise entre 0 et 60 degrés.
J'espérais avoir une direction plus fine au moment de la perte du signal : rien du tout, pas moyen de tracer sur la carte. La disparition du signal est assez rapide mais je suis incapable d'estimer si elle est retombée à 3 ou à 15km. Alors je détermine un secteur à ratisser, et je ratisserai ainsi jusqu'à minuit et demi, en m'arrêtant tous les trois kilomètres et en balayant de 399 à 407MHz. Sans succès.

Le sondage spécial de Payerne 28 juin 2010

Episode 1 : la RS de lundi à 00Z

Une simulation à partir des données du sondage me donne le secteur de La Brévine, en Suisse, à une quinzaine de kilomètres au sud de Morteau. J'arrive sur place, je ratisse et je balaye la bande de 398 à 408 en roulant sans grand succès jusqu'à ce que, à midi pile, j'entende un signal faible mais évident lors d'un tour d'horizon avec la 5 éléments que m'a offerte Wolfgang (un cadeau home-made qu'il m'a fait pour me consoler d'avoir perdu ma 9 éléments...). 165 +ou- 5 degrés, c'est parti. Peu avant d'arriver à Couvet dans le Val de Travers (un nom qui a bien collé avec mon aventure où tout allait de travers) je m'arrête pour faire un relevé et je m'apprête à tracer quand soudain je constate la disparition de ma règle-rapporteur Cras. J'ai retrouvé le signal et j'ai perdu ma règle. En fait je l'avais oublié sur le capot lors de mon précédent arrêt. Retour à l'endroit du précédent relevé, je retrouve ma règle sur l'entrée de chemin où je m'étais arrêté. Malheureusement j'avais roulé dessus en manoeuvrant...
Bon on continue. A Couvet, au fond du val, signal de 59+ direction très nette Conclusion : elle est sur la crête en face puisque je l'entendais à 5km avec une direction nette.
Je trouve la route qui remonte en face, pas de bol elle est fermée pour cause de travaux ! Je l'emprunte sur une paire de kilomètres et je me gare peu avant la zone de travaux. Le signal est très fort sur la verticale, il est 13h15 je m'équipe pour la randonnée et je décolle. La direction du signal est celle de la route, le niveau est de 59++ Elle est à moins de 500m. J'avance de quelques centaines de mètres, la pente est assez raide, il fait chaud mais la forêt me fait de l'ombre. Soudain, plus de signal, la SRS s'arrête sans avertissement ! Je continue, je balaye et au bout d'un quart d'heure, il me faut me rendre à l'évidence : elle est crevée.
Pas grave, celle de 12Z est déjà en l'air, et puis il y a aussi celle de 06Z qui doit traîner un peu plus loin.

Episode 3 : la SRS-PTU+ozone de 12Z.

Me voilà donc à 1200m d'altitude, entouré de vaches aux cloches tintinnabulantes plus préoccupées à lécher ma voiture qu'à brouter le maigre gazon.
J'écoute une SRS sur 402.862. 105 degrés, 20 degrés d'élévation. Tiens, elle n'est pas bien haute celle-là, elle est en l'air depuis presque une heure et je devrais la voir à 45 degrés. Bon, je balaye la bande pour me passer le temps... Tiens une autre sur 403.200, pas très forte, direction : partout à la fois. dix minutes plus tard elle a disparu. Le temps de manger une pomme, elle est revenue. Je peaufine la mesure de la direction et je comprends : elle est au-dessus de moi ! Le signal est très faible car je suis dans l'axe du brin de son antenne. Ce n'est pas la première fois que je constate le phénomène. Quand je dis qu'elle est au-dessus de moi, c'est une façon de parler car la précision de la 9 éléments n'est pas terrible dans ces conditions. La 402.862 a changé de fréquence, elle est maintenant sur 400.662 et tombe lentement. Je ne m'en occupe plus et me concentre sur la 403.200.
15h25 Elle chute, je la trouve au 270 degrés, non : au 135 degrés. A moins que ce ne soit au 60 degrés ? Le signal est maintenant de 59+ et vient de partout. Soudain, boum ! plus rien. Silence radio. Elle est au sol et pas loin d'ici. Où aller, au nord ? Au sud ? La voiture est tournée vers le sud, allons-y
15h45 J'ai retrouvé le signal. Net : 210 degrés. Je trace. Trois kilomètres plus loin 75 degrés. Net. Je trace.
15h55 Deux kilomètres encore : 20 degrés. Net aussi. Je trace, mes trois traits se recoupent au même endroit. Y'a pu qu'à y aller.
16h30 Elle est repérée; à 15m sur le flanc d'un sapin. Je n'ai plus qu'à retourner chercher mon fagot de bâtons de skis dans la voiture.
17h30 J'ai réussi à accrocher la ficelle avec un crochet enfilé au bout de ce spaghetti mou. Un garde-forestier jovial intrigué par mon équipement m'aide et tire comme une bête sur la ficelle. Il m'avait proposé d'abord de couper l'arbre ! La boîte dégringole et manque de l'assommer. Le camescope n'a pas eu le temps de démarrer.

Episode 2 : le radiosondage spécial

Me voilà de retour à la voiture. Un voisin s'approche "qu'est-ce que vous cherchez avec ça ?". Je lui explique et mets en route le récepteur sur 401.000 machinalement. Quoi ? Une SGP qui arrive 59+ à cette heure ? Je balaye la bande... une C34 sur 403.0 et encore une autre sur 404.0 Un sondage spécial, il ne faut pas que je le rate. Pour l'instant les RS montent, je vérifie qu'elles viennent bien toutes trois du même coin du ciel et je relève la direction : 60 degrés. Il y a encore une SRS400 au 115 degrés mais celle-là ne fait pas partie de la famille. Je bâcle la suite de mes explications et je me dirige sur un point dégagé pour le relevé de perte tandis que mon interlocuteur retourne à sa fenaison.
19h00 Elles sont toutes au sol. La SGP arrive encore 51-52 tandis que les C34 sont à peine audibles avec la 9 éléments et le préampli.
Je suis à 1200m d'altitude avec une belle vue sur le lac de Neuchatel et le plateau de Berne par derrière, là où se trouve Payerne. La direction du signal, très nette est de 95 degrés (en réalité de 97) mais je ne sais pas si le point de chute est avant ou au-delà du lac. Il me reste à faire deux autres relevés avant de me décider.
19h20 pas de doute, mes tracés convergent (à peu près) largement de l'autre côté du las, dans une zone situé à quelques kilomètres au nord de... Payerne ! J'avoue qu'une idée m'a effleuré : et si nos amis de Météo-Suisse me préparaient un deuxième lâcher sur les mêmes fréquences ?
20h10 je suis de l'autre côté, à Estavayer et j'entends de nouveau la SGP mais pas encore les C34.
20h25 je roule dans la direction du signal qui ne monte pas bien vite. J'en conclus que je ne suis pas tout près et donc que la SGP doit être en hauteur. Le petit bois sur la crête, à l'horizon, pourrait bien être l'endroit du point de chute.

21h00 Petit village d'Oleyres route de Misery, le signal est très fort. Je m'arrête pour faire un relevé. Dans l'axe de la route, au loin dans le ciel, une montgolfière. Je pense instantanément au ballon qui a propulsé dans la stratosphère les sondes que je recherche. Le signal vient de la gauche, j'avance un peu, je tourne l'antenne (et la tête) et qu'est ce que je vois, flottant à vingt mètres au-dessus de la forêt : le BALLON ! Un instant d'émotion, c'est la première fois que je retrouve une sonde avec son ballon. (Photo 1)
Je n'ai pas trop le temps de me demander pourquoi ce ballon n'a pas éclaté et pourquoi la chute a été aussi rapide que d'habitude ; en plafonnant, l'ensemble aurait dû dériver plus vers le sud-ouest. Bizarre.
Autre bizarreté, en m'engageant dans le petit sentier qui part de l'endroit où j'ai garé ma voiture, j'ai l'impression que je ne suis pas le premier à être venu ici. J'ai pour manie de toujours regarder les traces au sol quand je randonne et là, il me semble bien que quelqu'un est passé il n'y a pas longtemps.
Pas de difficulté pour retrouver le groupe de sondes à une dizaine de mètres de hauteur. Elles sont quatre, scotchées sur un bambou (photo 2). La voiture est à trente mètres, je rapporte le fagot de bâtons de ski et j'accroche sans problème la ficelle en faisant descendre le tout avec précaution car je sais que les météorologues de Payerne tiennent beaucoup à récupérer leur matos en état. Il y a deux C34 et la SGP. Une C34 est équipée d'un capteur Snow-white pour une mesure très précise de l'humidité et l'autre est reliée à un boitier comportant un autre type de capteur d'humidité. Quatre mesures d'humidité simultanées par un temps on ne peut plus sec... (Photo 2)
Je coupe la ficelle en la tenant fermement car le ballon, là-haut, continue à tirer malgré son air bien flasque. Il ne me reste plus qu'à essayer de le tirer vers le bas entre les branches. Je tire, ça résiste un peu et ça vient. Quoi qui vient ? Deux autres boîtiers de sondes format SRS400-W, celles qui servent à la mesure des vents ! Quatre et deux égalent six d'un coup ! (photo 3).
En fait, les deux boîtiers de SRS ont été détournés de leur fonction d'origine. L'un contient l'émetteur-balise 2m que plusieurs radioamateurs ont pu écouter et le second, renforcé par un triangle métallique très robuste, est un système de largage d'un deuxième ballon. J'ai appris par la suite que le ballon largué servait à la phase ascensionnelle et que celui que j'avais retrouvé ne servait qu'à freiner la descente pendant laquelle se faisaient les mesures.
Je tire le ballon jusqu'au sol, il est encore impressionnant, et je lui accroche un petit bout de carte mécano qui traînait dans mon sac-photo sur lequel je griffonne mon adresse e-mail. Et je lui rend sa liberté après l'avoir emmené au milieu du pré tout proche. Encore un moment d'émotion en le voyant filer vers le soleil couchant.
Bon, c'est pas le tout, il est 22h et la nuit tombe. Qu'est ce que je fais de tout ce bazar ? Je suis à dix bornes de Payerne, le radiosondeur de 00Z doit déjà être là, je tente le coup.
Il est là, derrière la grande baie vitrée de la salle où il reçoit les mesures transmises pas ses sondes. Toc-toc, il lève la tête, très surpris de voir ma tronche d'homme-des-bois sur fond de nuit noire. Mais il m'ouvre la porte et je lui explique la raison de ma visite. Accueil bien sympathique, je lui rends ses sondes qu'il reçoit comme on accueille les cadeaux du père Noël, un café bien serré, un coup de téléphone à XYL (c'est quand même notre 35ème anniversaire de mariage) et je reprends la route. Il est minuit et j'arriverai à la maison à trois heures pile.
Bilan de la journée : une SRS400-PTU+ozone, deux C34 et une RS92SGP que j'ai gardé en souvenir...



Trois SRS400 en 36 heures - 2 et 3 juillet 2010

Episode 1 : ça sent le chevreuil

Le windgram prévisionnel est formel : les sondes envoyées par Payerne retomberont toutes à l'ouest et les vents en altitude seront faibles et réguliers. Voilà une bonne occasion pour se faire 24h de chasse aux SRS dont les jours sont comptés. Les sondages de 06Z et 18Z seront supprimés en octobre, donc plus de SRS400-W, encore appelées windsondes ou "radiovents". Les SRS400-PTU seront remplacées par des SRS-C34 seulement début 2011. Il faut se dépêcher à faire des provisions.
La SRS400W de ce 2 juillet au matin est théoriquement retombée en 46.78 /6.59 près de Chamblon (HB), au sud de lac de Neuchâtel. Le lac n'est qu'à deux kilomètres mais j'ai confiance. Et de toutes façons celle de 12Z, un sondage ozone sera plus au nord-ouest, donc retombera en montagne. Je m'en occuperai ensuite.
14h00 je suis sur la butte où Chamblon est construit et j'ai retrouvé le signal : 300 degrés, direction Ste-Croix et les gorges de Covatanne. J'aimerais autant qu'elle soit dans la plaine... D'abord, montons à Bullet. A 1200m sur la crête, j'aurai du dégagement et peut-être un relevé transversal.
15h23 La SRS400-PTU + ozone qui était en vol vient de disparaître au 312 degrés et la SRS400W, toujours au sol, est au 220 degrés. Ben oui, je chasse deux lièvres à la fois...
16h30 ça y est, j'en suis sûr, la SRS400W est dans la pente en face. Ce n'est pas vraiment un mur mais il y a des falaises par endroit, des endroits déboisés par la tempête et couverts de ronces, plus un torrent à traverser. Ma carte n'est pas bavarde sur les chemins possibles et je ne sais pas si elle est en bas ou en haut, ça pète de partout. Le mieux est d'attaquer sans trop réfléchir, au maximum j'ai 300m à monter à 60 degrés.
17h15 je monte toujours, il fait plus de 30 degrés et je me bats avec la végétation. Un point positif : si je dévisse, je ne tomberai pas bien bas. Une falaise, trente mètres de hauteur, il faut la contourner. Un coup de chance, je trouve un passage. Tiens, ça sent le chevreuil ou le chamois par ici, une petite brise m'en apporte l'odeur de bestiau pas lavé. Soudain, un bruit de pierres, un aboiement : c'est un chevreuil. Je ne l'ai pas vu mais il n'y a pas de doute. C'est ça aussi la chasse aux RS.
17h30 j'arrive en haut de la pente et qu'est ce que je trouve : un chemin carrossable... Il me permettra au moins de me déplacer sur la crête en direction du signal qui devient vite très puissant. Quelques minutes plus tard j'aperçois les restes du ballon vautré sur le sol à quelques mètres du boîtier. C'est ma 73ème et la première capturée à l'aide de l'antenne que Wolfgang DK6WX m'a offerte. Il sera 18h20 quand je serai de retour au véhicule. Commune de Ste-Croix (HB)

Episode 2 : retombée à La-Côte-aux-Fées

Pas grand chose à dire de cette SRS400W de 18Z qui est tombée à 5,7km de mon point haut. A cette distance, l'erreur sur le relevé de perte à été de l'ordre de 500m à cause du relief et même si la portée au sol ne dépassait guère 2km, comme la sonde se trouvait dans un pré j'ai pu retrouver facilement le signal, puis la sonde sans même changer de chaussures. Seule anecdote : pour faire un relevé d'approche à quelques centaines de mètres de la balise, j'arrête mon véhicule au milieu de cette toute petite route qui ne mène nulle part. à 22h30 il fait nuit et il n'est passé personne depuis que je tourne dans le coin. Les cinq portières ouvertes et les phares éteints ce ne serait pas de chance si quelqu'un arrivait. J'avais à peine branché l'antenne sur le Rx qu'une voiture arrive : un Français immatriculé en Dordogne... J'ai pensé à François du 33 et j'ai replié mes gaules en catastrophe avant de me garer dans un pré plus loin.
Commune de La-Côte-aux-Fées (HB)

Episode 3 : l'orage menace

08h00 Il n'est plus temps de dormir, ablutions matinales et maigre casse-croûte puis tour de bande. Rien, mais je ne m'inquiète pas, la SRS400 m'a habitué à ses sautes d'humeur. Ou bien elle est au-dessus de moi, mais ça m'étonnerait bien car je suis à plus de 60 bornes de Payerne et les vents sont faibles, ou bien elle est masquée par la colline qui s'interpose entre nous deux. C'est cette deuxième hypothèse qui se révèle la bonne, je la retrouve sur 403.125 après m'être rapproché de quelques kilomètres. La direction relevée, 115 degrés, m'indique que la sonde vient vers moi puisque Payerne est également au 115 degrés approximativement. Le relevé de perte que je ferai 5km plus au sud à 9h05 me permettra de déterminer la zone du point de chute : pas tout près.
9h53 j'ai retrouvé le signal depuis un point haut. Au ras du souffle et heureusement que j'ai le préampli sinon je ne l'aurais pas entendu. La fréquence n'a presque pas glissé au moment de l'impact (300 kHz) et la polarisation est nettement verticale. L'examen de la carte m'autorise à l'imaginer surpendue dans un arbre, sur une crête. Il me reste à savoir laquelle car ce n'est pas ce qui manque dans le Haut-Jura.
Petite anecdote : j'étais en train de faire un relevé sur le bord d'une toute petite route de campagne quand je vois arriver à vélo une agricultrice intriguée par mes expériences radiogoniométriques. Je la salue pendant qu'elle passe devant moi, ne me quittant pas des yeux. Et qu'est ce qui se passe quand on fait du vélo sans regarder devant soi ? On se casse la binette. C'est ce que fit la brave dame au milieu de la chaussée. J'étais mort de rire pendant qu'elle se dépêtrait de son tas de ferraille informe... Non, c'est pas vrai, j'exagère pour faire hurler de désapprobation Jean-Paul F6DDV qui se serait précipité sur la dame pour l'aider. Personnellement, j'étais un peu désolé pour elle et je me suis précipité avec lenteur, lui laissant le temps de se relever toute seule, sans une égratignure car elle roulait au pas. D'habitude ce sont les gars qui se plantent en vélo en regardant les belles filles sur le bord de la route. Comme quoi on peut avoir encore du succès à la campagne à 59 ans bien tassés...
Mais je reviens aux choses sérieuses, ma SRS400W. L'orage menace, je me dépêche de faire quelques relevés convergents qui me permettent de lever le doute : elle est sur le versant ouest boisé d'une vallée très encaissée, au dessus de la ville de Fleurier (HB). Sur la pente, oui, mais au-dessus ou en dessous des falaises ? Echaudé hier où je la croyais en bas et qu'elle était en haut, je décide d'attaquer par le haut. Pas de pot, après avoir fait une paire de kilomètres et deux-cents mètres de dénivellé pour constater qu'elle est en dessous, je redescends et me retape de nouveau quelques kilomètres et trois-cents mètres de dénivellé. Ben oui, il n'y a pas de chemin direct sur ce versant et il faut crapahuter à moitié dans la forêt vierge là où les arbres se sont abattus tous seuls à la suite d'une tempête. Une petite surprise : un chamois que je lève et qui s'échappe sous mes yeux. Je ne l'avais pas senti celui-là.
La RS est découverte à 14h30 à 20m de haut, pendue bien verticale dans les plus hautes branches d'un épicéa. Elle tournoie sous les coups du vent qui se lève de l'orage qui ne va pas tarder à éclater. J'arrive au véhicule au moment du déluge, mon parapluie n'aurait pas tenu longtemps (ben oui, ZV chasse avec un parapluie, le ridicule n'a jamais mouillé personne...)
Commune de Buttes (HB)

Averses de BGP du 6 au 9 juillet 2010

Episode 1 : le tuyau de Manfred

Je me suis levé tôt ce six juillet au matin. C'est qu'il me faut être dans le nord de l'Alsace avant l'atterrissage de la RS92SGP de 06Z d'Idar-Oberstein. L'idéal est que je sois à proximité du point d'impact prévu et à côté d'une entrée d'autoroute. Mais il est indispensable que je sois aussi dans un endroit dégagé pour capter et décoder les signaux de la SGP le plus longtemps possible. Ainsi j'aurai la position du point de chute avec le maximum de précision.
Certains chasseurs se demanderont où est l'intérêt de rechercher une sonde dont on est sûr de la position ? En fait la précision est souvent à quelques centaines de mètres, voire kilomètres près, tout dépend de l'altitude à laquelle se trouvait la sonde au moment où on a décodé ses derniers signaux et aussi de la fraîcheur du fichier almanach qui permet au logiciel SondeMonitor de calculer la position GPS. Tout dépend également du vent au sol qui peut faire faire 5km à une sonde que l'on a perdu à 1000m au-dessus du sol. Le décodage de la position d'une sonde n'est pas une garantie de retrouver le signal après l'atterrissage, il multiplie seulement les chances par deux ou trois.
Me voilà donc dans la banlieue nord de la ville de Karlsruhe, j'ai perdu le contact avec la sonde alors qu'elle se trouvait à 25km de moi mais j'ai une bonne précision de son point de chute puisqu'elle se trouvait à 515m d'altitude. Il est 9h25 il me reste à traverser la ville et à me rendre sur les lieux le plus vite possible car les sondes décodables ont un gros inconvénient : il y a nettement plus de chasseurs qui les recherchent que les autres...
Et en effet, quand je suis arrivé à proximité du point et que j'ai garé ma voiture sur le parking du terrain de foot proche se trouvait déjà une autre voiture. Et que tenait l'individu dressé à côté d'elle ? Une yagi 403MHz !
C'était Manfred, DC4UI, qui s'apprêtait à aller sur le terrain. Une demi-heure plus tôt ou plus tard l'un d'entre-nous n'aurait rien compris à la disparition des signaux...
Comme il était plus costaud que moi, je lui ai laissé la sonde et en échange il m'a donné un tuyau d'une valeur inestimable : des RS92AGP étaient lâchées en rafale par la Bundeswehr quelque part à l'ouest de Saarbrücken et atterrissaient du côté de Brumath, au nord de Strasbourg (67). Fréquences 403.470 et 403.810
Il n'en fallait pas plus pour que je fasse un tour d'écoute et découvre, effectivement, une AGP sur 403.810. Elle monte encore, j'ai donc le temps de me rapprocher de quelque dizaines de kilomètres.


Episode 2 : la RS92BGP et les cigognes

J'ai laissé Manfred DC4UI remballer sa RS92SGP que nous avons retrouvée ensemble et je me dirige plein sud-sud-ouest en décodant la RS92AGP
Peu avant Wissembourg, ancien poste frontière important du nord du Bas-Rhin (67), le QSB sur le signal et l'altitude s'approchant de 4000m m'incite à trouver un point bien dégagé vers le sud. Le temps d'installer la 5 éléments à 3 mètres de hauteur et SondeMonitor m'enregistre la dernière position connue. Elle était à 2005m et à 53km de mon point haut. Il est 11h34 et j'ai au moins une heure de route dans le meilleur des cas.
En fait, malgré les voies rapides, j'arrive sur les lieux à 13h00. Pas de signal, est-ce la pile de mon préampli qui a rendu l'âme ? Non, c'est simplement que j'ai oublié de rebrancher le câble de la verticale. Chose faite, le signal est assez net en direction du village de Lupstein où je découvrirai la sonde dans une prairie humide entre canal et voie ferrée. A quelques centaines de pas de là, une escadrille de cigognes suivent un tracteur et sa faucheuse et se font un déjeuner sur l'herbe.
Surprise, c'est une RS92BGP, la première que je trouve, avec son petit parachute rouge et son petit ballon rouge en dentelles.
Ce ballon est vraisemblablement un ballon-pilote de 100g qui éclate habituellement à 12000-15000m. Il reste peu d'enveloppe après l'éclatement et elle a le tact de ne pas s'emmêler avec le parachute. La vitesse d'impact est donc régulière, aux alentours de 300m/mn car le parachute est un petit modèle de 75cm de diamètre (pour 1m habituellement)
RS92BGP retrouvée à Lupstein (entre Saverne et Brumath) à 13h50

Episode 3 : le GPS perturbé par le PC

C'est en décodant tranquillement cette RS92BGP que j'ai trouvé la raison d'un phénomène très gênant lors de la chasse aux RS92SGP ou AGP, c'est à dire avec l'ordinateur sur le siège passager. Je m'explique.
Il m'était arrivé à plusieurs reprises de constater que mon GPS de randonnée Garmin eTrex ne trouvait plus de satellites. Il voulait que je lui fournisse un ciel dégagé. J'avais tout essayé ou presque. Bon sang de bonsouère, me dis-je, c'est toujours quand je décode des RS92 et que j'ai besoin de lui qu'il me fait le coup ! Et ça a fait tilt dans mon cerveau churchauffé par la canicule. Et si c'était le fait de décoder qui lui faisait plus trouver les satellites ? Et si c'était le PC qui rayonnait sur la fréquence des satellites ? Je ne fais ni une ni deux mais trois enjambées pour m'éloigner du véhicule (à l'arrêt) et voilà que mon GPS retrouve ses satellites ! Et après ça y en a qui oseront dire que la chasse aux radiosondes ne sert à rien...
Bref tout ça pour dire que j'ai poursuivi ma sonde en essayant de rester sous elle et que je n'en étais qu'à 2,3km quand j'ai perdu le signal. Je l'ai retrouvée sans mal quelques minutes plus tard, sans GPS. Elle gisait bêtement dans un parc à moutons sans moutons tout près du village de Gingsheim (67). C'est en passant à côté d'un cerisier abandonné au milieu d'un champ que je me suis souvenu que je n'avais rien mangé depuis mon départ du QRA, neuf heures plus tôt.
Mais la journée n'est pas finie, il n'est que 16h00 et voilà t-y pas qu'en faisant un tour d'écoute je retrouve une RS92BGP sur 402.700 - la fréquence d'Idar ?


Episode 4 : QRM et champ de maïs

Une BGP sur 402.700 qui monte et une autre sur 403.810 qui chute. Je choisis celle qui chute, je reprendrai la première quand j'aurai trouvé la seconde.
18h06, elle est au sol.
Voilà une chasse qui aurait pu être très banale. Une RS92BGP sur 403.810 dont la position décodée à une quinzaine de kilomètres devait être précise à moins de 200m car le fichier paramètres GPS dont je disposais datait de la veille. Seulement voilà, quand je suis arrivé sur les lieux, un QRM intense sur 403.810 (pas 800 ni 820) m'a interdit toute réception. En plus la zone n'était pas facile à quadriller en voiture. Au point le plus proche accessible en voiture, le QRM arrive 59+ impossible de savoir si la RS est dans le coin. Il me vient alors l'idée de me décaler sur la fréquence-image du récepteur et là, chose surprenante, le QRM est inaudible (la RS non plus d'ailleurs) Mais comme la chance sourit aux inconscients, je suis parti à pied explorer la zone sur la fréquence image avec le préampli et la 9 éléments, et là, miracle, au détour d'une rue, j'entends le signal faiblement. Il sort d'un champ de maïs et sa direction est assez nette. J'avance encore sur un chemin qui le longe et je retrouve un phénomène rencontré dans des vignes blindées de fils de fer : le maximum de signal apparaît dans l'axe des rangées de plantes. Je peux même passer sur l'harmonique 2. Une deuxième série de mesures sur un chemin perpendiculaire me permet de préciser la zone, en plein milieu du champ.
Le reste de la chasse est très banal, il m'a suffit de m'enfiler entre deux rangs en maintenant l'antenne au-dessus de ma tête jusqu'à ce que celle ci s'accroche dans la ficelle.
Je n'ai aucune idée de l'origine du QRM qui couvrait tout le territoire de la commune. La portée de la RS était alors équivalente à 150m en vue directe avec préampli et 9 éléments.
RS92BGP retrouvée à Fessenheim-le-Bas (67) à 19h30

Episode 5 : et le signal disparaît brutalement

La BGP sur 402.700 était au sol depuis longtemps quand je suis sorti de mon champ de maïs. Par contre la RS92SGP régulière de 18Z lâchée par Idar était en l'air. Et je n'ai pas eu d'autre option que de m'occuper d'elle. Et comme je ne vous rapporte pas que mes succès, vous allez voir que, même avec un décodage de la position GPS, on peut très bien ne pas retrouver une RS au sol. Il est 21h30, la sonde vient de disparaître des écrans radars à 528m en 48.93096 / 7.95349 au dessus de Aschbach.
A l'entrée du village d'Aschbach en venant de Seebach, je retrouve le signal. Le soleil se couche, il est 22h30 environ. La dernière position décodée est au milieu de vergers à proximité d'un lotissement et d'une ferme. Je me gare dans la cour de la ferme. Pas besoin de sonner, le chien de la maison avertit les agriculteurs de ma présence. Ils me donnent la permission de parcourir leurs propriétés et je leur donne quelques explications supplémentaires. "Tiens, je vais vous faire écouter la modulation d'une SGP". Je pousse la BF : plus rien ! Elle est morte subitement, ou assassinée par un adversaire du radiosondage, ou encore récupérée par un chasseur plus rapide que moi ? Sur le coup, je n'ai même pas pensé à écouter le 145.550 La journée est finie, il me reste 300km à faire.

Episode 5 : la DFM-06 sur la plage nocturne

Difficile pour moi de faire un tour dans les Ardennes (08), près de la frontière belge (je précise pour les nuls en géographie qui confondent l'Ardèche et les Ardennes), sans aller taquiner la DFM-06 de Beauvechain.
Pour moi DFM-06 égale errance de nuit dans un pays que je connais mal, aux doux toponymes comme Chantemelle, Vance, Etalle... quand on est dans le sud ou plus âpres et rêches comme Kraasbeek, Rijsbergdijk ou Grobbendonk quand on se rapproche des Pays-Bas (ils existent, je n'ai rien inventé !).
J'avais une bonne prévision qui me donnait un point de chute un peu au nord de Liège, un endroit où il y a plein de routes qui facilitent le suivi des RS en vol. Comme c'était sur mon chemin pour rentrer dans le 90 en passant par Idar, j'y suis allé. Un bon relevé de perte pas très loin du point de chute et j'ai retrouvé le signal assez facilement. Mais c'était de l'autre côté de la Meuse. Je fais mon relevé avec la directive à trois mètres de haut sur son mât et je la remballe dans la voiture le temps de trouver un pont.
Arrivé sur l'autre rive après un long détour, pas moyen de retrouver le signal. Je ratisse dans tous les sens, me perds dans la forêt, butte sur des zones portuaires ou des clôtures surveillées par caméra infrarouges dignes du mur de Berlin, pour finalement me décider à sortir la directive. Et c'est là que je me rends compte que j'ai oublié de brancher la verticale : j'écoutais avec comme seule antenne un bout de câble coaxial de quatre mètres sans rien au bout.
Le mal étant réparé, le signal réapparaît comme si de rien n'était et je me laisse tirer par la directive jusqu'à un parking sablonneux en bordure de forêt. Grosses godasses, lampe frontale (il est quatre heures du mat), la 5 éléments de Wolfgang et me voilà parti en direction du signal relativement fort. Des buissons, un tout petit sentier et j'arrive au bord d'une falaise de sable de plus de trente mètres de haut, on pourrait dire un talus si la pente n'était pas si raide, et devant moi un vaste lac, une gravière sans doute, dans lequel les premières lueurs de l'aube se reflètent. Magnifique. Le signal a monté d'un bond et sa direction est très nette : à droite, vers le lac. Je suis à moitié rassuré en dévalant un ravin que j'aurai bien du mal à remonter. Et si elle flottait sur l'eau ? Deux cents mètres plus loin je trouve ma radiosonde, sur une plage, à dix centimètres du bord de l'eau, comme déposée par la marée.
Bien il est temps maintenant de prendre la direction d'Idar car la SGP de 06Z décolle dans deux heures et demie et j'ai encore pas mal de kilomètres de route.


Episode 6 : une chasse banale

Encore une chasse ordinaire sur laquelle je ne m'étendrai pas. Décodage de la RS92SGP d'Idar de 12Z avec SondeMonitor en roulant. Je surveille du coin de l'oeil l'altitude, prêt à m'arrêter pour faire un relevé de perte et un décodage ultime de la position. Dès que l'altitude descend en dessous de 4000m je sais qu'il me reste moins de 8 minutes.
J'ai retrouvé la sonde accrochée à 20 mètres de hauteur dans un arbre se balançant très lentement au bout d'une dizaine de mètres de ficelle et cela provoquait un QSB inhabituel qui m'a rendu les relevés assez laborieux.
Sonde retrouvée à Dannenfels (DL)

Episode 7 : bredouille

J'ai trouvé un super point haut à l'ombre, dans un village perché comme en Provence. La RS92-SGP d'Idar-Oberstein vient de décoller. J'ai une paire d'heures devant moi pour casser une croûte et faire une sieste. Une heure de sommeil la nuit dernière, ce n'est pas assez. Jusqu'ici je n'ai pas entendu de BGP, les artilleurs doivent être au frais. Je vais quand même faire un tour d'écoute. Tiens, miracle, ils rebossent ! Deux BGP en l'air. Pendant tout le vol de la SGP d'Idar je ferai du décodage simultané en passant de l'une à l'autre et à 15h18 quand la SGP aura disparu au 344 degrés j'aurai les coordonnées approximatives d'une BGP sur 403.470 et d'une autre sur 403.810
Mais d'abord, commençons par la SGP.
Le point décodé se trouve à Hochstätten, dans le village au fond d'une vallée encaissée. Le signal est très fort, les réflexions également et la RS ne se trouve pas dans la vallée. Elle est donc sur un des deux versants boisés. Le problème est l'accès qui ne peut se faire qu'à pied car les chemins de desserte sont impraticables pour ma voiture. Alors j'ai passé trois heures à crapahuter sur des sentiers, sans point de repère et avec des signaux éminemment variables pour à la fin abandonner car j'avais deux BGP qui allaient peut-être se montrer plus coopératives. A 60km de là en vue directe.

Episode 8 : La pluie de RS92-BGP

Il semblent que 9 RS92BGP ait été lâchées à Düren ce jeudi 8. J'en ai retrouvées 4, groupées dans un mouchoir de poche (voir carte). Les numéros correspondent au tableau ci-dessous :

1 C0230968 403.470 - retrouvée en 49.32480 / 7.26051 - Niederbexbach
2 C4647814 403.810 - retrouvée en 49.33061 / 7.24458 - Kohlhof
3 C4647813 403.470 - retrouvée en 49.31707 / 7.26341 - Limbach
4 C4647816 403.470 - retrouvée en 49.32806 / 7.28334 - Altenstadt

Et voici leurs histoires.

1 Je viens de quitter Hochstätten à regret avec une SGP qui marche encore. Un problème ardu de réflexions tous azimuts qui aurait mérité plus de réflexion de ma part. Ce qui me gêne est que je n'ai rien appris de cet échec. Oublions. Je roule à fond la caisse, c'est à dire à 50 km/h de moyenne sur des petites routes de campagne qui ne connaissent pas la ligne droite. Un objectif : deux RS92BGP qui sont retombées pas très loin l'une de l'autre et dont j'ai la position GPS issue de leur décodage avec SondeMonitor. J'arrive à la périphérie de Hombourg, petite ville à mi-chemin entre Saarbrucken et Kaiserslautern. A trois kilomètres du dernier point décodé le signal se fait entendre, deux coups de yagi me permettent de cerner le secteur, près d'un terrain de vol-à-voile. Approche, phase finale entre un champ de blé et un champ de maïs, une famille de chevreuils qui décampent, des milliers de moustiques et autres choses piquantes et j'approche de la sonde. Phénomène bizarre, il y a des échos dans toutes les directions. Peut-être la présence de la ligne THT ? Bref je trouve la sonde, je coupe le récepteur pour économiser les batteries et je retourne au véhicule. A la suivante ! Sur 403.810 cette fois.

2 Un coup d'oeil sur le GPS, un tour de yagi, c'est par là, dans l'axe de la rivière. Ici peu de relief mais des bois isolés et des énormes lignes à haute tension. Etonnant qu'une RS ne s'y soit pas accrochée.Chemins de terre, bois, champs de céréales... pas facile d'approcher du deuxième point décodé. Tant pis j'y vais à pied. Toujours les lignes
électriques. Tiens, le signal vient de ma droite, serait-elle dans le champ de céréales ? Non car deux-cents mètres plus loin il vient de ma gauche. Pourtant, après avoir tourné, il me semble bien qu'il vient de derrière moi. Je suis toujours sous les lignes électriques, comment peuvent-elles capter le signal et le rediffuser ? Mystère. J'avance, le signal monte, pas de doute, c'est tout droit. Harmonique 2, c'est tout près. Oui, elle est là dans le pré, en bas du talus. Je la ramasse, je l'arrête et je retourne au véhicule.
Machinalement, je pousse la BF en marchant et qu'est ce que j'entends ? Encore une BGP sur la même fréquence et dans la direction du champ de céréales. J'ai compris, il y en a une troisième et elle est toute proche. Je suis le chemin qui butte sur l'autoroute. Elle est de l'autre côté.

3 Je ne vais quand même pas traverser l'autoroute,il me faut trouver un pont. De retour au véhicule je fais un tour de bande complet : il y en a encore une autre sur 403.810 ! Quatre RS dans un rayon de 2km, on verra ça tout à l'heure. Je m'occupe d'abord de celle qui est sur 403.470. Elle est en polarisation verticale, on peut d'imaginer dans un arbre. Effectivement, elle est dans un arbre, cent mètres plus loin. J'ai trouvé un pont et elle est pend, dans les phares de la voiture, à un mètre de haut. En voila une de facilement récupérée. Et maintenant, la fréquence est libre ? Et bien non, il y en a encore une autre, cela fera la cinquième dans une zone de moins de 4 km²

4 Je tourne un peu dans la ville pour essayer de retrouver la 403.810 mais j'ai bien l'impression qu'il y en a deux sur la fréquence car il y a des échos bizarres. Au bout d'une demi-heure je décide de m'intéresser à la 403.470 dont la direction est plus nette. L'heure avance et le sommeil me gagne. Encore celle-là et après je dors. Je mets la main dessus vers deux heures trente du matin : elle est à une dizaine de mètres de hauteur. Je ne pourrai pas la couper sans la décrocher et je ne saurai donc pas si c'est la dernière sur cette fréquence. Quand je me réveillerai vers 6h à la lumière du soleil levant, toute la bande sera silencieuse. Il ne reste qu'à sortir le fagot de bâtons de ski pour la décrocher et à reprendre la direction de la France, non sans avoir écouté de temps en temps s'il ne se pointait pas une BGP sur l'une ou l'autre fréquence.