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Petites histoires de chasseurs
 

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Quand les RS choisissent d'atterrir chez les OM

Par F5ZV


L'examen des windgrams prévisionnels m'avait laissé espérer un atterrissage en Alsace des RS de Stuttgart. Il me suffisait de décoder la trajectoire de ces RS92SGP pour connaître les coordonnées du point de chute

Premier épisode : le décodage

Plusieurs décodages assez complets ont permis de connaître les habitudes de la RS92SGP de Stuttgart. La vitesse de montée moyenne est de 330 m/mn tandis que la vitesse de chute est de 230m/mn, ce qui permet de supposer qu'un parachute freine la descente. Déjà, une visite du centre de Stuttgart-Schnarrenberg en juin 2008 nous avait appris que le lâcher s'effectuait à l'aide d'un lanceur automatique et à une heure très précise : 75mn avant l'heure Z.
Une prévision avec BT donne un point de chute à 100km du QRA par la route en 48.16/7.47, tout près de Sélestat. C'est un peu cher payé pour une SGP mais l'expérience vaut le déplacement.
Dès 12h45, heure locale de départ en été, je suis à l'écoute. D'habitude à 13h07 le décodage peut commencer mais aujourd'hui le signal est faible, la propagation tropo n'est pas au rendez-vous. Ce n'est qu'à partir de 10311m que le décodage de la position GPS commence.
A 15h12 je perds le signal, la sonde est à 2000m d'altitude et file à 10m/s en direction du 250° tout en chutant à 4m/s environ.
Un rapide calcul permet de déterminer qu'il lui faudra encore 500s pour arriver au sol et qu'elle aura parcouru encore 5000m en direction du 255° (si les vents ne changent pas trop entre 2000 m et le niveau du sol, ce que le windgram semble indiquer).
Le point de chute déterminé ainsi se situe à 1 km à l'est d'Herbolzheim, à 23km au nord de Freiburg. Une bonne heure par l'autoroute.
 
 Prévision avec BT, éclatement à 28000m    Trajectoire réelle décodée avec SondeMonitor


Deuxième épisode : la récupération

A 16h00 je démarrais en trompe direction l'Allemagne. environ 110 km d'autoroute gratuite plus loin j'étais dans la zone. Je m'attendais à un relief de type "Schwarzwald", j'étais en plein dans les vignes. Très rapidement j'entends le signal, pas très fort, au 230° depuis Ettenheim. Un coteau me masque la RS, c'est certain. Il me faut monter sur le point haut qui le surmonte. Un quart d'heure plus tard, j'y suis. C'est un point de vue qui domine la plaine du Rhin et comme si ce n'était pas suffisant, il y a une tour de 20m de haut d'accès libre. Là, pas de signal, ou seulement un petit 51 en direction 230 degrés toujours, donc
en direction de la plaine. Bizarre.
En suivant le chemin de crête, le signal augmente brutalement mais avec un QSB inattendu par moment. La direction est maintenant 280°, ce qui me donne un point de chute à 3km, dans la plaine.
Le temps de redescendre dans la zone en faisant plusieurs relevés, une heure a passé et le soleil descend sur l'horizon. Il ne faut pas trop traîner. La RS semble avoir retrouvé la terre ferme dans un champ de maïs immense. Peu de chemin pour le parcourir et les relevés sont contradictoires. Il ne me reste plus qu'à ratisser la zone de quelques km² en tenant l'antenne à bout de bras et en passant le bras par la portière en roulant. Heureusement ce sont des chemins agricoles (goudronnés) et on peut y rouler à 10 km/h.
En traversant un petit hameau, le signal monte à 59, ce qui n'a rien d'extraordinaire mais c'est le maximum. Je n'en demande pas plus, demi-tour et stationnement à proximité du hameau. A pied, sac au dos, grosses godasses et sacoche-photo en bandoulière, je m'apprête à arpenter les rangs de maïs (ils font 2,5m de hauteur). Soudain le signal baisse fortement : plus besoin d'atténuateur ni de décalage en fréquence. Pourtant la direction est claire et je tourne autour de la sonde, c'est à dire autour de la ferme. Un paysan est en train de nettoyer son matériel au Karcher (à défaut de banlieue). Je lui explique dans la langue d'Angela Merkel ce que je suis en train de chercher, il comprend tout et m'entraîne vers un escalier métallique où j'aperçois la bête assise sur une marche. Elle cuicuite encore mais est en train de rendre l'âme. Il était temps que j'arrive. La pile à eau est tarie, cela fait plus de 6 heures qu'elle débite, elle a fait son temps.
Je fais un cours de technique des radiosondes à mon hôte en lui précisant que je suis radioamateur. Sait-il ce qu'est un radioamateur dans sa campagne ? Bien sûr qu'il sait, son fils Christophe est radioamateur ! Et c'est là que je prends conscience que la yagi sur le toit de l'annexe est une 9 éléments 144 et qu'une filaire est tendue au dessus de ma tête. Christophe DH9GCD est à la maternité, il est l'heureux papa d'une petite fille toute neuve. Je laisse mes coordonnées et je prends congé de ces braves gens. En arrivant à la maison, un e-mail de Christophe m'attend, il est très intéressé par les ballons. Un futur chasseur ?

Conclusion

J'ai donc appris que Stuttgart envoyait des RS92SGPW équipés de pile à eau et que le parachute était d'un type inhabituel : diamètre 85cm, blanc, sans trou central. Voilà pourquoi les RS de Stuttgart descendait lentement, à 3,6m/s en fin de vol. La sonde a été ramassée par la mère de Christophe, dans un de leurs champs de maïs, à 100m de là. Ce qui explique le QSB et la forte baisse du signal vers 18h00
L'incertitude sur le point de chute prévu avec BT est de 22 km sur 136km (16%). Une des explications est que l'éclatement a eu lieu à 31937m au lieu des 28000 constatés en moyenne.
La portée au sol était supérieure à 4km peu après l'impact et ne dépassait guère 1 km avant que les piles ne s'épuisent, 6h après le lâcher.