(1)

Petites histoires de chasseurs

Retour : 07- Recherche sur le terrain - Petites histoires de chasseurs

Une portée inhabituelle pour une KL posée sur une table de cuisine

Par F5ZV


Décision de partir précipitée car rien ne m'y avait préparé psychologiquement. Il n'y aurait pas eu l'alerte par email à -12h , Gérard F1ELJ ne m'aurait pas recruté et je ne serais pas parti sur une crête vosgienne à 1000m d'altitude par un froid de canard. Je suis parti avec seulement la prévi de BT qui s'est révélée un peu longue mais dans la bonne direction.
J'ai commencé par ne pas retrouver Gérard F1ELJ. Pas de réponse à mes appels, pas d'emails en rentrant, j'ai appris le lendemain qu'il avait eu un empêchement.
Coup de chance, le relevé de perte a été un relevé tout court : pas de perte, le signal est resté bien présent, direction floue qui laissait penser à un écho. Je trace : plein ouest, deux crêtes se profilent à l'horizon, elle est peut-être sur une d'entre elles. Tous les relevés suivants sont flous et indiquent une direction vers l'ouest, dès que je m'éloigne de cet axe, je perds le signal. Pas moyen d'avoir un relevé transversal. Il faut dire que le relief est assez marqué. Les échos sur 400MHz sont moins nets que sur VHF et de ce fait sont assez faciles à distinguer du signal direct. C'est simple : si on n'a pas une direction très nette, c'est que c'est un écho. Il faut une antenne bien directive, évidemment.
Un signal net, j'ai fini par en avoir un : 315-320 degrés. Tracé sur la carte au 1/100000, il passe en plein centre d'un village au fond d'une vallée. La RS est soit dans le fond, soit sur la montagne en face. Il suffit d'aller voir.
Un relevé dans la vallée est décisif : c'est dans le village. En effet, en écoutant sur l'antenne verticale tout en roulant, le signal augmente en passant devant l'église. Un coup d'oeil sur le clocher ne révèle pas d'objet insolite, la RS est peut-être dans la rangée d'arbres derrière? Avant de me lancer dans les rues avec mon attirail, je cherche à faire se couper deux relevés. Dix minutes plus tard, c'est fait : c'est le secteur de l'église entourée de son "enclos paroissial", comme ils disent en Bretagne. Ici on appelle ça un cimetière.
Me voilà donc avec ma directive et le récepteur au milieu des tombes. Les Vosgiens ne sont pas pieux au point de se rendre à l'église un vendredi après-midi, ils ont déjà du mal le dimanche... Je passe donc inaperçu, sinon je me serais fait passer pour un employé venu vérifier le paratonnerre. Se prétendre chasseur de radiosondes ici, c'est un coup à se retrouver cloué contre une porte-à-grange au milieu des chouettes.
Mes recherches ne seront pas très longues, le signal vient d'une maison blanche de l'autre côté du mur de l'enclos (voir photo). Le temps de repasser la grille en sens inverse, de faire trois pas en direction de la porte d'entrée et je vois la radiosonde posée sur la table de la cuisine. La maîtresse de maison m'ouvre, faisant tout de suite le rapport entre mon antenne et la RS. Le maître de maison se présente à son tour et m'explique que la radiosonde est tombée sur son terrain, la ficelle passant par dessus la ligne téléphonique et la haie de cyprès, à quelques mètres du mur du cimetière. Au moment où je suis arrivé il consultait le site de Vaisala sur Internet...
Je me demande ce qui se serait passé si la radiosonde s'était retrouvé sur le toit de l'église. Je ne suis pas sûr que les paroissiens auraient négligé leur tâche en cours pour venir assister au décrochage.

Ce qui m'a le plus surpris, c'est la portée du signal : 7km, au travers de deux crêtes à plus de 800m. Ce sont sans doute les réflexions sur les côtés de la vallée. J'ai eu la chance également que le propriétaire ne s'aperçoive pas tout de suite qu'un objet volant avait atterri sur sa propriété, la RS est restée suspendue pendant tout le temps où je faisais mes relevés à longue distance.