Par F5ZV

En lisant le titre de ce message, vous vous êtes dit : ça y est ZV va arroser dignement sa 15ème RS capturée ! Et bien vous faites erreur, vous auriez dû lire : "en pleine Champagne est tombée ma 15ème ! " et même en plein vignoble Moët et Chandon, tout près d'Epernay dont on aperçoit au loin les toits sur la photo ci-jointe.

Dimanche matin 9 novembre 2008, avant de partir, j'avais tiré plusieurs prévisions avec BT et le windgram de -12h :
Hypothèse courte 300/500 27000m : Marfaux au sud de Reims en 49.13/3.90
Hypothèse longue 300/250 32000m : Semide au nord-est de Reims en 49.28/4.56
Je décide de me placer vers Mourmelon-le-Grand, un peu à l'est du milieu du segment joignant les deux hypothèses.

L'éclatement se produit à l'heure prévue, la direction est bonne. Attendons.
J'ai quand même l'impression que la chute est plus rapide que si elle était lente, le signal est très fort, mais très bas sur l'horizon. Cela n'a rien d'étonnant pour une RS qui vient de 176km à toute vitesse et l'angle d'élévation va sans doute augmenter rapidement dès qu'elle va me survoler.
La mesure de l'azimut me surprend un peu : 243 degrés au lieu de 252, ce qui voudrait dire qu'elle se dirige plus à l'est que prévu, donc dans mon secteur. Cet angle est constant, et le signal est stable, il me faut me décaler de 30kHz en fréquence pour percevoir le QSB très rapide qui laisse imaginer un parachute en torche.
Soudain, à 14h10, le signal commence à baisser sérieusement. Mauvais signe, elle va être plus courte que l'hypothèse courte, il va falloir ratisser si ça continue ! Et ça continue. Oh, pas longtemps car à 14h12 : le signal s'estompe et disparaît. Un tour d'écoute en SSB ne révèle rien, elle n'est pas tout près.
Récapitulons : 2 minutes pour disparaître, ça fait 20km (ça, c'est du ZV-pifomètre, à chacun de rectifier l'étalonnage...). 243 degrés, je trace : direction Epernay: Aïe ! en pleine ville, il ne manquait plus que ça. Je me donne 1 heure pour retrouver le signal et après j'abandonne car on est attendu pour le repas du soir et il y a encore pas mal de route.
Nous roulons à travers la Montagne-de-Reims, couverte de forêt. XYL conduit pendant que je balaie à 360 degrés avec la 5 éléments tenue à bout de bras au travers de la portière. Pas question de rouler à plus de 60km/h et il faut tenir l'antenne avec un gant car le fond de l'air est à 10°C, guère plus.
La route amorce la descente vers Epernay, ça y est, je l'entends ! Ah, brave petite M2K2 qui s'époumone pour qu'on l'entende à dix lieues à la ronde... Et en plus elle va cri-criter jusqu'à demain matin en m'attendant. C'est pas de la KL, ça !
Mais tiens, le signal vient de la gauche, d'un secteur situé à l'est d'Epernay. Alors direction Dizy, puis Ay et ensuite Mareuil et là on fera un relevé.
En traversant Ay, en pleine ville, signal à 59+ qui redescend ensuite. On va essayer de se dégager pour avoir une direction précise. Stop, voilà un point haut, au milieu du vignoble "Veuve-Cliquot", vite un relevé avant que la mère Cliquot ne rapplique... 270 degrés, on est trop loin, demi-tour, il nous faut un autre point depuis le nord de l'agglomération. J'écoute en roulant, le signal monte et passe par un maximum en longeant le mur du cimetière : ah non, pas le coup de l'enclos paroissial, j'ai déjà donné ! Je chausse les grosses godasses et je m'équipe pour la phase finale, elle ne peut pas être très loin, moins de 500m en tous cas, vu le décalage en fréquence et la valeur de l'atténuateur.
A un moment donné le signal est très costaud, en direction des vignes, je contourne la zone par un chemin mais le signal chute très fort, la direction devient floue et indique le cimetière à nouveau. J'y retourne, rien ! Je reviens sur mes pas, de nouveau un signal très fort... Là, il faut faire quelque chose. Et d'abord confirmer la zone. On repart en voiture pour refaire 3 relevés complémentaires en dehors du village. Sitôt dit, sitôt fait. Pas de doute ils convergent tous sur la zone du cimetière. Mais qu'est ce que c'est que ce phénomène ? Un signal qui passe de 57 à 59+ quand je me trouve en un certain point du chemin, rien qu'en faisant vingt mètres et la RS ne s'y trouve pas !
C'est là que l'intuition surgit : qu'est ce qu'il y a de particulier dans cet endroit ? Des fils de fers, des centaines de kilomètres de fils de fers bien tendus à l'horizontale. Et des dizaines de milliers de piquets métalliques pour soutenir ces fils. Non, non, je ne galège pas avec mes centaines de km de fils : au moins 3 fils par m² ça fait 30km à l'hectare, et ce ne sont pas les hectares qui manquent ! Et si ma RS est planquée au milieu de ces rangées de fils, le signal ne sortira à pleine puissance que dans l'axe de sa rangée. Il reste à trouver la bonne rangée. Je parcours lentement le chemin en regardant entre les rangées et je finis par apercevoir une tache blanche à une centaine de mètres. Ça grimpe mais j'y cours, je veux savoir tout de suite.
Quelques minutes plus tard, il n'y a plus de doute, c'est l'enveloppe du ballon, emberlificotée avec le parachute. La M2K2 est vautrée par terre trois rangées à côté.

Quand on refait la simulation avec BT il faut forcer un peu la vitesse de chute pour tenir compte de la masse importante des restes de l'enveloppe (500g environ). C'est avec une vitesse de 350m/mn que j'obtiens le bon timing.
La précision de la prévi avec BT est meilleure que 10%