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 La radiosonde Kölzer-Graw type RI-3
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Voir aussi : Les débuts du radiosondage 1920-1945 - Les radiosondes à tubes de 1940 à 1970 - Principe du barocontacteur - La rawinsonde ou radiovent -       



Histoire

 Cette sonde permet la mesure de la température en fonction de l'altitude. Elle a été conçue à partir de 1931-1933 par le docteur Josef Graw, fondateur de la firme qui porte son nom, sous la direction du professeur Kölzer dont il était l'assistant à Berlin, pour les besoins de l'armée de terre allemande et en particulier pour l'artillerie. Elle est désignée dans la documentation sous le type RI 3. L'exemplaire que nous avons eu entre les mains ne porte aucune marque permettant d'identifier le fabricant.
  Dans les années 1940-1945 elle fut fabriquée en grande série et, comme elle est très robuste, elle n'est pas rare encore de nos jours.
Au départ, le tube (une triode) qui équipait l'émetteur était une R-084, puis une KC3 en 1944. Sur notre exemplaire qui paraît antérieur, on trouve une N406 fabriquée par Valvo.

Description

  Son aspect extérieur est caractéristique et permet de l'identifier facilement : un cylindre en bakélite fermé par deux couvercles en tôle d'aluminium emboutie.
  Une rawinsonde de la même époque (que nous décrirons par la suite) possède le même type de boîtier sans capteur de température, évidemment.
  Le capteur de température (bilame métallique cylindrique) est protégé par une cheminée (rep.
C) fixée sur un des couvercles.
Une lumière (rep.
L) pratiquée dans le cylindre montre un secteur gradué utilisé lors de l'étalonnage en température.
La sonde est suspendue au ballon de façon à ce que son axe soit horizontal et que la cheminée soit verticale (sur la photo, le couvercle n'a pas été remis correctement...), l'antenne (rep.
A) est un dipôle au centre duquel se trouve le boîtier. On aperçoit derrière le cylindre l'autre brin de l'antenne, que l'on peut considérer comme un contrepoids.
Pour une fréquence de 4,5 MHz (lamba=66m) un dipôle demi-onde devrait avoir une longueur de 33m ; le dipôle était peut-être raccourci.
Remarque : la RI-3 décrite ici a quelques particularités qui la distingue des autres exemples rencontrés ça et là :
- tube de Bourdon au lieu de capsules de Vidie
- CV papillon de forme hexagonale
- triode N406 montée sur un support en plastique non fixé sur le chassis.

Caractéristiques

Dimensions du boîtier : diamètre 95mm ; hauteur 138mm ; hors tout (avec la cheminée) 190mm
Masse : 428 g sans piles
Fréquence : entre 4 et 5MHz
Capteurs : bilame métallique pour la mesure de la température ; barocontacteur utilisant une capsule de Vidie pour transmettre l'altitude en 16 paliers.


 (C) Condensateur papillon
 (L) self de l'émetteur
 (T) Triode N406 Valvo
 (V) vibreur du convertisseur de tension/modulateur
   (C) Condensateur papillon
 (B) barocontacteur cylindrique
 (P) tube de Bourdon


Capteur de pression

  Sur l'exemplaire décrit ici, l'élément sensible est un tube de Bourdon (rep.
P) mais les modèles plus récents sont équipés de capsules de Vidie. Le principe du codage est le même.
En se déformant sous les variations de pression, le tube de Bourdon tire ou relâche la petite chaînette (rep.
C) enroulée dans une gorge en spirale (autrement dit : un filetage) de l'axe du barocontacteur (rep. B). Le cylindre du barocontacteur tourne et sa position en rotation est directement liée à la pression. Le ressort-spirale (rep. R) s'oppose à la rotation et tend la chaînette en permanence.
Remarque : ce système de chaînette, très original, a été remplacé par la suite par un autre dispositif, ce qui n'est pas surprenant car de par sa structure la chaînette ne devait pas se dérouler sans à-coups.
  Le cylindre du barocontacteur est isolant dans sa masse mais comporte des lamelles en laiton plus ou moins régulièrement espacées sur sa périphérie. Ces lamelles (visibles sur la photo) sont toutes reliées entre-elles par un flasque en laiton également.
  Une lame métallique (rep.
L) frotte sur la partie isolante du cylindre et, lorsque le cylindre tourne sous l'effet du changement d'altitude de la sonde, le contact s'établit entre la lame et une lamelle. Un condensateur est mis en circuit entre l'anode du tube et la masse ce qui a pour conséquence de faire décrocher l'oscillateur.
Sur la photo de gauche on remarque que deux lamelles sont plus rapprochées que les autres : les deux signaux envoyés avec un intervalle plus petit permettent de contrôler qu'un signal n'a pas été perdu. les intervalles 3-4, 8-9 et 13-14 sont réduits.
 
 (P) Tube de Bourdon
 (L) lame de contact
 (C) Chaînette de liaison entre B et P (décrochée)
 (B) Tambour du barocontacteur
 (R) Ressort spirale.
   Repères : voir photo de gauche.
En se déformant, le tube de Bourdon P tire sur la chaînette C (décrochée) et provoque la rotation du tambour du barocontacteur B. Lorsque la lame L touche une lamelle du tambour, le contact s'établit.


Capteur de température

  La sonde est prévue pour établir le diagramme vertical de température en fonction de l'altitude.
L'élément sensible est un bilame métallique en forme de cylindre dont la déformation commande la rotation de l'armature mobile d'un condensateur papillon placé dans le circuit oscillant de l'émetteur. Le passage d'un minimum de capacité du CV provoque une variation de fréquence de 4 à 4,7 MHz (par exemple)
Le CV papillon, dont l'axe tourne librement sans butées, passe par le maximum (et le minimum) de capacité tous les 60 degrés. Le débattement total du bilame couvre 2 à 3 fois ces 60 degrés, ce qui implique que la fréquence de l'émetteur fera l'aller-retour entre 4 et 4,7MHz deux à trois fois pendant la montée de la sonde.
Une courbe d'étalonnage de la sonde complète permet à l'opérateur de retrouver la température en fonction de l'angle de rotation des lames mobiles du CV, donc indirectement en fonction de la variation de fréquence d'émission.
Note : un condensateur papillon est un condensateur variable dont l'armature mobile a des lames triangulaires disposées comme des ailes de papillon. Ici l'angle au sommet du triangle est de l'ordre de 30 degrés

 
 (T) bilame
 (C) Condensateur variable type "papillon"
   (M) lames mobiles du condensateur variable
 (F) lames fixes


Emetteur

  
Il est équipé d'une triode qui peut être (liste non exhaustive) une des suivantes :
RE-084 : 4V - 0,08A
KC3 : 2V - 0,2A
N406 : 4V - 0,07A
La référence du tube est suivie de la tension et de l'intensité nécessaires pour le chauffage du filament.
L'oscillateur est de type Hartley, sa fréquence est déterminée à la fois par la self et une capacité fixe mais aussi par la capacité du condensateur papillon comme on l'a vu plus haut.
La tension d'anode est produite par un vibreur alimenté en basse tension par la pile et qui produit aux bornes de son enroulement secondaire une tension alternative dont la tension crête dépasse 80 volts. Le redressement est assuré d'office par la triode elle-même. La fréquence du vibreur est de l'ordre de 1000Hz, ce qui provoque automatiquement la modulation en amplitude de l'émetteur,
D'après diverses sources, l'alimentation est une pile ou un accu dont la tension peut aller de 3 à 8 volts.

Transmission des données et décodage

  En supposant qu'au moment du lâcher, le CV papillon soit fermé (ce qui n'est pas obligatoire du tout), la fréquence d'émission sera par exemble de 4,0 MHz.
En montant, la température diminue, la fréquence augmente, l'opérateur qui suit le signal de la sonde grâce à sa modulation note régulièrement l'heure et la fréquence mesurée sur le cadran du récepteur.
Au bout de quelques minutes, le signal se coupe indiquant que le premier palier est atteint, cet instant précis permettra plus tard de calculer la vitesse de montée (généralement proche de 300m/min) et de déterminer par interpolation l'altitude de tous les points entre deux paliers.
Si, pendant son balayage en fréquence, le signal de la radiosonde croise la fréquence d'un émetteur étranger, il peut arriver qu'un top de pression soit manqué ; l'opérateur pourra recaler ses mesures lorsqu'il recevra deux tops rapprochés.
Lorsque le CV a atteint son minimum de capacité, la fréquence est au maximum de sa plage de balayage, par exemple 4,7MHz. L'armature mobile du CV continue à tourner et la capacité augmente à nouveau. Le déplacement de fréquence s'inverse.
Même si le CV gardait une valeur fixe, soumis à des variations de température extrêmes, l'oscillateur verrait sa fréquence glisser. Cette dérive en fréquence de l'oscillateur est un facteur qui fausse la mesure. On la constate en particulier au moment de l'inversion de variation de fréquence. Des correctifs doivent être appliqués.

Sources

- examen de l'exemplaire RSM-005 de la collection de Payerne.
- Die Entwicklung der deutschen Radiosonden von 1930 - 1955 par F. Trenkle (DFVLR) - 1982
- site de Helge LA6NCA
- site du Svalbard Museum

Remerciements

- Radiosondeurs de Payerne