Il arrive parfois que les amateurs (mais aussi des professionnels)
lâchant des ballons-sondes se posent les questions suivantes
:
- combien de temps après l'éclatement du ballon
le parachute commence t-il à s'ouvrir ?
- à partir de quelle altitude un parachute freine t-il
la nacelle (ou le boîtier de la radiosonde) ?
La réponse à ces deux questions est nette : quelle
que soit l'altitude, un parachute agit dès les premières
secondes qui suivent l'éclatement et la vitesse est stabilisée
en moins d'une minute.
Des vidéos publiées sur Internet le prouvent, des
calculs simples le démontrent, le décodage des radiosondes
le confirme.
Vidéos de l'éclatement
d'un ballon-sonde
Pour faciliter la gestion des liens, ceux-ci sont regroupés
normalement sur la page des liens. Pour permettre la consultation
aisée de ces documents, nous les avons cités exceptionnellement
ici.
1) high altitude weather balloonlien
Ballon lâché par des étudiants de l'University
of Southern Indiana (Evansville, IN) le 24 octobre 2009. Vidéo
de grande qualité.
L'éclatement se produit à t=18s (90000 ft = 27432m
) mais le parachute n'apparaît parfaitement déployé
qu'à t=20s. La ficelle est tendue, ce qui prouve que, moins
de 2 secondes après l'éclatement, le parachute freine
déjà la nacelle. Par contre la ficelle reliant l'enveloppe
au parachute est lâche. (photo ci-contre)
A t=43s on peut remarquer que les restes d'enveloppes flottent
au dessus du parachute, ce qui signifie que la vitesse de chute
des débris d'enveloppe est plus faible que celle de la
nacelle freinée par son parachute
Conclusion : temps d'ouverture 2s
2) HABET Balloon Burstlien
Eclatement du ballon identifié sous la référence
L-98 à environ 32900m d'altitude (108,000 feet). HABET
est un programme développé par le Space Systems
and Controls Lab de l'Iowa State University.
t = 22s : éclatement de l'enveloppe
t = 25s : on entrevoit le parachute encore dans sa forme conique,
les suspentes semblent déjà tendues
t = 27s : parachute parfaitement déployé après
quelques dixièmes de secondes d'hésitation
Conclusion : temps d'ouverture 5s
3) SpacePort Camp June 2009lien
Cette vidéo montre plus particulièrement l'éclatement
d'un ballon de 1500g à 28600m. Il a été lâché
du Space Port Indiana, au KBAK Columbus Municipal Space Port Indiana.
L'éclatement est montré trois fois : une première
fois à vitesse normale, une fois en accéléré
et enfin à vitesse normale suivi du début de la
chute. C'est vers t=50 que l'éclatement a lieu et ce n'est
qu'à t=57 que le parachute bien gonflé est visible.
Conclusion : temps d'ouverture 7s
4) Cornerstone Christian school 7th grade science projectlien
Les trois photos ci-dessous sont extraites d'une vidéo
intitulée HELLO
KITTY IN SPACE. L'éclatement a eu lieu à 28537m
2' 15" et le parachute s'ouvre nettement à 2' 21"
dès que la vitesse est suffisante.
2' 15 Eclatement
2' 21" le parachute se
gonfle mais les ficelles sont encore détendues
2' 22" le parachute joue
son rôle de frein seulement 7 secondes après l'éclatement.
Eclatement + 1 seconde
Pendant la phase de montée la force ascensionnelle du ballon,
verticale et dirigée vers le haut, compense le poids de
la nacelle également vertical mais dirigé vers le
bas. Les deux forces sont égales et de signe contraire,
la résultante est nulle, l'accélération est
nulle également et la vitesse est généralement
stabilisée aux environs de 3 à 7m/seconde (180 à
420m/min).
Au moment de l'éclatement, la force ascensionnelle disparait.
La nacelle est soumise à g, l'accélération
de la pesanteur, qui va très rapidement annuler la vitesse
de montée.
Le temps nécessaire pour annuler la vitesse de montée
se calcule facilement en appliquant la formule :
où : V : vitesse de déplacement vertical de la nacelle g : accélération de la pesanteur = 9,71m/s²
à 30000m d'altitude t : temps en secondes
Par exemple, après l'éclatement, la vitesse d'un
ballon qui montait à 5m/s (300m/min) passera à 0m/s
en 0,51 secondes.
On peut également calculer la hauteur parcourue entre le
moment de l'éclatement et celui où le boîtier
s'immobilise avant de redescendre. La formule est à peine
plus compliquée :
En prenant les valeurs de l'exemple précédent on
peut calculer que h = 1,29m.
Remarque : ces informations n'ont qu'une importance très
limitée
Descente : phase d'accélération
En appliquant simplement la première formule sans tenir
compte de la résistance de l'air on peut calculer la vitesse
que le boîter de la sonde prendrait au bout d'un temps t.
Par exemple pour t= 5s, à 30000m d'altitude :
Dans la réalité, c'est à dire en présence
de l'air et de l'action du parachute, au bout de 15 secondes la
vitesse sera presque stabilisée et sa valeur sera de l'ordre
de 25m/s pour une M2K2 équipée d'un parachute de
1m de diamètre.
1) Calcul
A l'aide d'un programme, ou plus
simplement avec un tableur, on peut simuler le freinage de la
nacelle d'un ballon par son parachute entre l'instant de l'éclatement
et le moment où la vitesse est stabilisée. Le calcul
doit se faire pas-à-pas car il n'est pas possible de résoudre
un mouvement si complexe avec une seule fonction mathématique.
Voir page : principe de calcul de la trajectoire
de chute par itérations
La courbe ci-contre représente la vitesse de chute en fonction
du temps dans les premières secondes qui suivent l'éclatement
du parachute d'une radiosonde.
Théoriquement, et à condition que le parachute soit
entièrement déployé dès l'éclatement
(ce qui n'est pas le cas comme on peut le voir sur les vidéos),
la vitesse augmente très vite pour se stabiliser à
25m/s (1500m/mn).
Les conditions du calcul sont les suivantes :
- altitude d'éclatement : 30000m (masse volumique de l'air
0,02 kg/m3)
- vitesse de montée : 5m/s
- diamètre du parachute : 0,8m
- coefficient de traînée : 1,7 (coefficient déduit
d'un vol réel de RS)
- masse de la chaîne de vol : 0,6kg (y compris les restes,
limités, de l'enveloppe)
2) Décodage
Les résultats du calcul
sont confirmés en partie par ceux du décodage des
RS. Voici par exemple les instants qui ont suivi l'éclatement
de la M2K2 lâchée par Toulouse le 17/02/2011 et décodée
par Guy, F6EYG à Perpignan.
En dehors des irrégularités dues à l'imprécision
de la valeur de l'altitude transmise par la sonde (valeurs brutes),
on voit que la vitesse de chute stabilisée de -18m/s est
atteinte en 13 ou 14 secondes. Cette valeur est plus faible que
l'exemple précédent car l'éclatement a eu
lieu à 17700m, là où la masse volumique de
l'air est de 0,15 kg/m3
Le reste des valeurs décodées montre qu'à
8700m la vitesse de chute est de l'ordre de 13m/s. Remarque : il ne faut pas perdre de vue qu'en pratique,
la surface, le coefficient de traînée et la masse
de la chaîne de vol peuvent varier fortement. Les débris
de l'enveloppe peuvent, par exemple, être de 300g au moment
de l'éclatement puis se réduire à 200g à
cause du vent de la chute et dans ce cas la vitesse de chute peut
diminuer légèrement ou, a contrario, s'emmêler
dans les suspentes du parachute et réduire sa surface et
son Cx pour faire augmenter la vitesse de chute nettement.
La vitesse de chute d'une radiosonde est rarement prévisible
avec une bonne fiabilité.